Evry-Courcouronnes : importante intervention de police à la faculté… pour un canular

Les forces de l’ordre ont été déployées autour de la faculté d’Evry ce jeudi de 15h30 à 17 heures après avoir reçu un appel indiquant la présence d’hommes cagoulés et armés. Mais aucun assaillant n’a été découvert.

 Plusieurs dizaines de policiers ont été mobilisés autour de la bibliothèque universitaire de la fac d’Evry-Courcouronnes.
Plusieurs dizaines de policiers ont été mobilisés autour de la bibliothèque universitaire de la fac d’Evry-Courcouronnes. LP/Gérald Moruzzi

    Un canular a mobilisé plusieurs dizaines de policiers ce jeudi après-midi aux abords de la bibliothèque universitaire (BU) de la faculté d'Evry-Courcouronnes. Menée selon le protocole « tuerie de masse », l'opération a été déclenchée après un appel passé au 17 indiquant l'intrusion dans la BU de plusieurs hommes cagoulés et équipés d'armes de poing. Appelés pour une prise d'otage, les policiers ont procédé à une levée de doute en inspectant les bâtiments, avançant casqués et en colonne derrière des boucliers.

    Après une première visite des lieux infructueuse, une seconde inspection a été réalisée, pour définitivement être sûr qu'aucun assaillant ne se trouvait dans la bibliothèque. Durant une heure et demie, étudiants et badauds ont été contenus par un large périmètre de sécurité et priés de quitter la zone. « On voulait aller à la bibliothèque et on nous a dit de partir, on n'a pas compris », lancent incrédules deux étudiantes, obligées de patienter plusieurs dizaines de minutes.

    « On les a vus rentrer en file indienne avec des boucliers »

    Des sources policières confirment qu'il n'y avait finalement pas d'homme cagoulé et armé dans l'enceinte de la BU et évoquent un « canular » de type « swatting », une méthode visant à faire croire à un attentat ou à une prise d'otage pour que les forces de l'ordre interviennent en nombre.

    Dans un premier communiqué, la préfecture de l'Essonne expliquait : « A titre préventif, la bibliothèque universitaire a été évacuée et une sécurisation a été réalisée autour des locaux universitaires. Aucun élément ne permet de confirmer ces faits. » Trente minutes plus tard, la même source annonçait la fin de l'intervention des forces de police en précisant que « rien d'anormal » n'avait été observé.

    La bibliothèque ne rouvrira que vendredi matin

    « J'étais à la bibliothèque universitaire avec un ami, raconte Melvin, étudiant en première année de licence économie et gestion. Il a reçu un appel comme quoi les policiers étaient devant avec plusieurs camionnettes et nous avons décidé de descendre pour voir ce qu'il se passait. On allait sortir quand on les a vus rentrer en file indienne avec des boucliers. On est remontés prendre nos affaires, ils ont sonné l'alarme et ont fait évacuer le bâtiment », indique Melvin.

    Les nombreux étudiants ayant afflué devant le bâtiment après la levée du périmètre n'ont pu investir la bibliothèque universitaire. Elle n'a en effet pas rouvert ses portes après l'intervention, afin de laisser le temps de « faire souffler un peu l'équipe », confie un responsable présent sur place. Elle n'accueillera de nouveau des étudiants que demain matin. « Je devais réviser pour mon examen de comptabilité de demain matin, c'est vraiment pas top », souffle Sarah, en licence éco-gestion.

    Une enquête pour « dénonciation d'un crime ou délit imaginaire »

    Étudiante en droit âgée de 18 ans, Noorjane a été bloquée en cours lors de l'intervention. Celle-ci à peine terminée, la jeune femme n'a pas tardé à diffuser l'information sur ce canular. « Je vais tout de suite dire à mes snapchateurs (NDLR : membres du réseau social Snapchat) que c'était juste une mauvaise blague », sourit-elle, alors que les derniers policiers, parés de protections de pied en cap, quittent les lieux. « Je serais fâchée à leur place », conclut-elle.

    Par la voix de son président Patrick Curmi, l'université indique qu'elle va porter plainte « contre l'auteur de ces faits ». Une enquête devrait être ouverte dans les prochaines heures par le parquet d'Evry. La qualification pourrait être celle d'une « dénonciation d'un crime ou délit imaginaire ». Un délit pour lequel l'auteur « encourt jusqu'à 6 mois de prison et 7500 euros d'amende », précise le parquet d'Evry. Un délit à différencier de la « fausse alerte », qui consiste à faire croire à une bombe ou à un sinistre qui impliquerait l'intervention des secours. Pour ce délit, la peine encourue est de 2 ans d'emprisonnement.